ALFRED --------------------------
Je ne nageais pas,
Je volais au-dessus de l'eau
J'ignorais qu'un jour
On dirait de moi
Que j'étais un héros
Pourtant, quand j'étais môme,
Au-dessus de l’abîme
Sous le soleil de Constantine
Tout me semblait énorme
Oui, j'avais peur de l'eau
Quand mon père, mon frère ou un ami
Voulaient que je plonge dans le Rummel
Et ses flots en furie
Mais un jour le déclic
Une sensation de liberté
Moi, Alfred devenu Artem
Soudain, je volais
J'aimais me surpasser
Très vite, j'affolais les chronos
En brasse-papillon il n'y avait pas plus doué
Dans l'air et dans les eaux
Car je ne nageais pas,
Je volais et c'était beau
J'ignorais qu'un jour
On dirait de moi
Que j'étais un héros.
Je devins un champion
Représentant la France
A Paris, à Toulouse
Aux Jeux de Berlin
Avec l’Équipe de France
Mais vint le temps du déshonneur
Des salauds de Vichy
Et celui des nazis
Convoi soixante-six, direction Silésie
Je perdis Paule, mon amour
Et ma fille adorée Annie
Auschwitz, nuit, infamie
Sans un appel au secours
Et la marche de la mort
Dont j'ai ressuscité
Par miracle, dans le brouillard
Je n'avais plus pied
Dans la vie, cependant
Je replongeais
Sans Annie et sans Paule
Et le cœur naufragé
J'avais perdu des plumes
Mais me remis à nager
Aux jeux de Londres, je me suis aligné
Redevenu champion, je parvins à gagner
Je ne nageais pas,
Je volais au-dessus de l'eau
J'ignorais qu'un jour
On dirait de moi
Que j'étais un héros
Retrouver le bonheur
C'était un bien grand mot
Avec Marie de Sète,
Je réappris à vivre et à aimer
Il n'y avait pas de recettes
Je me laissais porter
Je suis mort sur scène
Ou plutôt dans les flots
Mon cœur s'est arrêté
Je ne nageais plus
Mais pour l'éternité
Désormais je serai un héros
Je ne nageais plus
Je ne volais plus
Je rejoignis Paule et Annie…
Au paradis...
(c) Gérard Clech
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